C'est le troisième instrument retrouvé du même fabricant, Jean Bellegarde.
"- C’est une histoire comme on voudrait qu’il en arrive de temps en temps, ne serait-ce que pour entretenir cet espoir qu’il reste des découvertes à faire pour nous aider à comprendre le passé de nos instruments. Uzeste est un village à côté de Langon et Bazas. Madame GORICHON et Monsieur DUPOUY y organisent pour la cinquième année un festival : Heste e Feire de Maï. Cette année, ils souhaitaient centrer la fête sur la culture traditionnelle et sur la cornemuse. Des collectionneurs, des luthiers ont été contactés. Après plusieurs réunions de travail, un des organisateurs, Monsieur CORRIERI, annonce qu’il possède dans sa maison… une « cornemuse ». Vous imaginez l’émotion ! Eric ROULET du groupe Gric de Prat, bien connu pour son travail sur la musique traditionnelle est aussitôt contacté et confirme qu’il s’agit bien d’une boha, une vraie, une authentique !
Je me suis donc rendu à Uzeste pour commencer à prendre les mesures de l’instrument. Elle est comparable à deux autres cornemuses déjà répertoriées, l’une appartenant à Nano DUPIN de Sabres, l’autre à l’Ecomusée de Marquèze. Même principe de fabrication. Le pihet, au bas de la perce du bourdon, comporte une cavité en forme de cloche dans laquelle devait venir s’encastrer la rallonge du « brunidéir » (disparu dans les trois cas). La longueur totale est de 170 mm pour la boha d’Uzeste, 175,2 mm et 174mm pour les deux autres, tonalité supposée : si ou do. Les trous de jeu sont très gros (comme sur toutes les bohas anciennes).
Malheureusement il n’y a pas d’anches. La décoration est dans le même esprit : oiseau stylisé gravé et losanges quadrillés sur les côtés du pihet. La face est encadrée par deux lignes
quadrillées ; une ligne de même nature sépare visuellement les parties mélodique et bourdon avant de s’enrouler autour du trou mélodique du bourdon. Toutes les gravures sont rehaussées de
couleurs rouge et verte. Même présence d’étain en bas du pihet. Lothaire MABRU le confirmera quelques jours après, elles ont sûrement été construites toutes les trois par le même fabricant :
Jean BELLEGARDE dit Nanot de Yoy de Sabres. Cette boha a été posée sur le dessus d’une poutre du grenier, peut-être par le dernier musicien. La peau s’y est
parcheminée, momifiée à force d’attendre.
Et ce musicien… ! M. et Mme CORRIERI ont acheté leur maison à René LALANNE né en 1908. Etait-ce son père Antonin, né en 1880, ou un proche parent qui jouait de cette boha? En tout cas,
il était connu sous le nom de Padère. Lothaire MABRU le cite dans son ouvrage La cornemuse des Landes de Gascogne. Padère serait né vers 1870, il était agriculteur et résinier.
On ne peut dire que peu de choses dans l’état actuel du travail. Dès que les prises de mesures seront terminées, commencera le travail comparatif.
Parallèlement à cette découverte, Mme GORICHON et M. DUPOUY nous réservaient une autre surprise : un document rare, un discours de remise des prix à un concours de cornemuse daté du mois de juillet 1885.
Bernard DESBLANCS
Article paru initialement dans : Boha! N°7 2003
Essai à la poche d'un fac-similé de la Padère (Boha d'Uzeste) anches Jean-Pascal Leriche
L'Association "BOHAIRES DE GASCONHA" - fondée en 1993 - a pour Objet de développer la pratique et l'expression de la « Cornemuse des landes de Gascogne » dite « Boha » et de tous les instruments de musique à vent de tradition populaire gasconne.
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